histoire
"Rendez-le moi, il vaut très cher !"
"Je sais ! C'est pour cela que j'en ai pris possession ! N'est-ce pas évident ?"

Je hume l'air forestier en fermant les yeux. D'un petit mouvement de la main droite, je jette en l'air la petite statuette d'argent avant de la rattraper. Ce petit jeu dure quelques secondes. Puis je me retourne pour faire face à cette chère Catherine. Ah, Catherine ! C'est de sa faute, vous savez ? Me parler si facilement de son héritage, ce petit bibelot, et de sa valeur marchande... Elle aurait du s'attendre à ce que ce rendez-vous secret dans la forêt n'ai pas pour but de fricoter à l'abri des regards. Et mes hommes, Gil et Raul, lui sont ainsi tombés dessus très vite avant de s'emparer de la chose précieuse et de me l'envoyer.

"Faites d'elle ce qui vous plaît, mais cachez le corps."

Ces deux abrutis la regardent, leurs lèvres écumantes de bave. Elle est terrorisée. Ah, Catherine, si cela peut te consoler, sache que tu vas me manquer ! Enfin, pendant un temps. Cela ne faisait que depuis ce matin, tu sais ? Je suis arrivé en ville, tu m'as servi de l'alcool dans une auberge miteuse... Je suppose que tout c'est accéléré à ce moment-la. Cette statuette c'était ton dernier recours si j'ai bien compris ? Avec ça, tu avais l'assurance de pouvoir t'en sortir si tu te retrouvais à la rue. Mais grâce à moi, tu n'as désormais aucune chance de te retrouver à la rue ! Ne suis-je pas adorable ?

Je dois me remettre en route et vite. J'ai pu tirer un bon prix du bibelot d'argent mais les deux autres vont vouloir une part. Ne comprennent-il pas que cela me revient de droit ? Ils se sont contentés d'immobiliser une serveuse que j'avais moi-même attirée ! La totalité du butin m'appartient donc, c'est logique. Enfin, il fait sombre désormais et j'ai déjà parcouru un bon bonhomme de chemin. Je devrai pouvoir arriver à la prochaine ville demain. Et refaire quelque chose de similaire. J'ai envie d'une maison. Encore, diront certains. Je sais, mais l'intérêt que je porte aux choses fluctue, c'est humain. Et vu que cela doit bien faire trois mois que je n'ai pas eu de maison à moi, hé bien je désire une maison. Je devrai pouvoir obtenir quelque chose de pas trop mal si je mets bout à bout le prix de la statuette et ce que j'obtiendrai en plumant quelques ivrognes aux cartes. Oui. C'est un bon plan.


Ah, cela faisait bien longtemps que je n'avait pas eu à me salir les mains. Du sang sur mes vêtements, je détestait ça. Mais je n'ai pas eu le choix. Un type m'a agressé alors que je m'étais arrêté dans un village perdu dans le désert. Si j'ai bien compris ce qu'il m'a hurlé, il devait s'agir du père du gosse auquel j'avais soutiré la cachette du pactole familial en échange d'une poignée de pâtisseries. J'avais promis au petit de ne le dire à personne et de ne pas y toucher. J'avais menti. Et vu que cette charmante famille avait tout perdu, le paternel était venu me trouver pour se passer les nerfs. Classique. Ce n'était pas cela qui allait m'empêcher d'agir à ma guise. La promesse d'un châtiment ? Balivernes ! Je prends ce que je désire ! Naga ne va pas condamner un pauvre hère qui ne fait que voyager pour récolter ce qui lui est dû, si ?



Je me hâte. Mes pas s'enfoncent dans le sable. Gil et Raul sont à mes trousses. Ces deux crétins étaient donc capables de me retrouver ? Et il m'en voulaient ? Mais pourquoi ? Je n'avais plus besoin d'eux alors je me suis débarrassé d'eux. C'est tout. Le butin peut-être ? Oh, il a bien servi. Cette maison était fort sympathique. Dommage que je l'ai vendue. Mais cela a payé car celui à qui je l'ai vendu... Bon, je m'égare. Il faut que je reste concentré. Continue d'avancer, continue Melhgran Athos. Plégia, ton pays natal, est à ta portée. Encore quelques heures de marche et tu seras sain et sauf.

J'ai rencontré un homme en chemin. Ce vieux fou m'a parlé d'une grotte non loin. S'y trouverait une épée enchantée dont personne n'ose s'approcher depuis des centaines d'années. Au diable Gil et Raul ! Si cette épée n'avait pas été prise après tout ce temps, c'est qu'elle m'était réservée ! La providence avait envoyé le vieux sénile pour me faire signe. Et j'allais répondre à cet appel.




Je respirait. Par quel miracle ? Je me souvenais que cette histoire d'épée était un piège tendu par les deux bouffons et que... J'étais mort ! Fébrilement, je retirais mon haut pour observer mon torse. Une cicatrice énorme se trouvait au niveau du cœur. J'avais bien été perforé par une lame.

J'avais recommencé à voyager. Selon la rumeur, je n'étais pas un cas isolé. Je réalise maintenant la chance que j'ai. On m'offre la possibilité de reprendre à zéro. De l'eau avait coulé sous les ponts, beaucoup de temps d'était écoulé avant ma résurrection. Et maintenant...

Tout va pouvoir m'appartenir.