Une nouvelle lumineuse journée s’était levée sur Yllistol, laissant s’infiltrer les rayons du soleil dans les moindres recoins que cette ville pouvait receler. Eilween en profitait d’ailleurs allégrement, elle qui aimait la lumière et la chaleur, elle en était servie ! Malheureusement, sa place n’était pas à l’extérieur. Elle qui préférait s’allonger dans la verdure et prendre le soleil à pleine peau, elle devait s’occuper de sa petite boutique. C’était ca d’avoir arrêté ses études après la mort de ses parents pour finir herboriste. Il fallait bien subvenir à leurs besoins maintenant, à sa sœur et elle, elle ne pouvait pas lui laisser toute cette charge.

Ainsi, dans l’arrière salle de son lieu de travail, la mage regardait l’astre par delà la petite fenêtre ronde donnant sur les jardins. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’établissement n’était pas dans le centre même de la cité de la magie que pour avoir une telle vue. Eilween en était plutôt contente, ca l’obligeait même à bouger lors de ses livraisons ce qui était en loin de lui déplaire. Elle était comme ca, à ne pas vraiment tenir en place ce qui la désespérait lorsqu’elle voyait un si beau soleil.

Un regard pour vérifier que personne ne l’attendant, et elle ouvrit la fenêtre, laissant y dépasser un bras sur lequel elle déposa sa tête. Une légère brise vint soulever quelques mèches alors qu’elle ferma les yeux. Décidément, il faisait bon vivre en Ylisse, c’était une belle journée tranquille … C’est ce qu’elle se disait oui, jusqu’à ce que la porte du magasin s’ouvre en fracas, la faisant sursauter. Reprenant ses esprits, elle se précipita vers l’entrée pour se trouver face à un inconnu réclamant de l’aide, un enfant dans les bras. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre la situation, s’il était là, c’était bien pour ce petit.

« Bien sûr, venez ! »

Avec ca, elle l’invita à la suivre rapidement à l’arrière où dans un coin de la pièce, siégeait un petit canapé drapé de rouge. Le jeune homme dans le dos, Eilween le déblaya en vitesse, déplaçant les caisses qui y étaient encore posées manquant pour peu de renverser le contenu l'une d'entres elles dans la foulée. Le moment à présent libre, elle poursuivit en le pointant du doigt.

« Installer-le ici. »

Elle n’était pas certaine de quoi faire, après tout c’était une première pour elle. Elle était un peu stressée par la situation car en général, les gens ne débarquaient pas en panique dans son établissement. Inspirant profondément, elle lui posa la question la plus intelligente à demander en ce moment.

« Qu’est-ce qu’il lui arrive ? »

Bien qu’elle savait quoi délivrer en temps normal, cette fois-ci c’était différent. C’était bien la première fois, qu’elle voyait quelqu’un pénétrer dans sa boutique aussi paniqué que ce jeune homme. Ca la stressait … En général on s’en référait au médecin avant devenir chez elle. Un traitement prédéfini, une préparation de routine, c’était son quotidien et pourtant maintenant, elle était toute déboussolée. Que devait-elle faire comment agir ? Ce n’était pas comme si elle pouvait déléguer sa tâche et laisser à son sort le jeune homme et le petit qu’il tenait dans les bras. S’ils étaient ici, c’est qu’il n’y avait sans doute pas d’autres solutions …

Elle regarda le plus âgé rassuré le jeune enfant à présent allongé, lui caressant doucement la tête. Ce simple geste réussit à l’attendrir, permettant à son esprit de se perdre l’espace d’un instant, un seul avant qu’elle ne se permette à s’approcher du petit du petit. Elle posa délicatement sa main sur le front de celui-ci alors qu’on tentait maladroitement de répondre à sa question et ô mon dieu, il était bouillant ! Elle regarda l’inconnu pour soulever l’étendue de la situation mais s’arrêta alors qu’il continuait … Non mais il était sérieux ? Il n’avait rien tenté d’autre que de le garder contre lui ? Était-il complètement inconscient ?! Son cœur lui disait de se scandaliser face à un tel comportement et pourtant sa raison elle, lui disait de ne rien dire et de réagir correctement ce qui présentement signifiait, s’occuper de ce petit qui se plaint une nouvelle fois après la demande presque suppliante de celui qui l’avait apporté jusqu’ici. Il était clairement paniqué.

« Avant toute chose, il faut le refroidir. »

A ces mots, la brune s’empressa d’ouvrir une énorme malle à l’autre bout de la pièce, laquelle elle en sortit un bout de chiffon déchiré qu’elle plongea dans de l’eau froide. Elle s’apprêta à le rapporter mais un détail l’en empêcha, la différence de température entre les deux était bien trop haute et n’améliorerait pas la situation ! Alors, le dos tournés à ses invités surprise, Eilween tenta comme elle le pouvait de chauffer le liquide. Ca, elle savait le faire sans trop de mal, c’était sans doute la seule chose qu’elle savait faire aussi naturellement que respirer. Chose faite, elle apporta le morceau de tissu en donnant des indications simples.

« Mettez-lui ca sur le front et retournez-le régulièrement, je reviens. »

À présent, qu’elle quittait l’arrière boutique, elle se retrouvait on ne peut plus perdue. Même si ces mots avaient voulu être assurés traduisant une certaine maîtrise de soi et de la situation, il était inutile de dire qu’il n’en était rien. Il était facile de parler comme ca, mais ce n’est pas pour ca qu’elle était calme. Stressée, elle fouilla rapidement ses nombreux étalages à la cherche d’une plante en particulier. Du saule, il lui fallait du saule, et vite ! Ainsi, manquant de renverser nombreuses fioles et récipient à la hâte, la mage finit par tomber sur ce qu’il lui fallait.

« Salix alba, j’ai trouvé ! »

Une fois entre les mains, elle le pot sur son plan de travail avant de se tourner de nouveau vers ses étagères. Très bien, pour quelqu’un ne s’y connaissant pas, cela pouvait sembler incompréhensible. Mais malgré ses gestes peu assurés et son stress démesuré, elle savait ce qu’elle faisait bien qu’au fond, elle n’en donnait pas vraiment l’air. Il allait falloir lui faire confiance …