With Eilween On peut se perdre de vue parfois. Le tout c'est de ne pas se perdre tout court...

Tout s’était passé presque trop naturellement, tout était trop parfait. Le timming, l’histoire, même la période était semblable. En s’arrêtant devant la requête de cette pauvre mère de famille, Aveleen s’était même crue dans un de ces rêves où le passé revient vous hanter encore et encore. Mais il ne s’agissait pas du passé, fort heureusement.

Elle se souvenait sans peine, encore aujourd’hui, de la panique déclenchée par l’absence de sa sœur alors qu’elle devait simplement aller faire quelques courses. La panique de leur père, du moins, tandis que leur chère mère s’était contentée de dire qu’elle cherchait seulement à attirer l’attention et qu’elle rentrerait bien assez tôt, avant le diner. Une dispute avait éclaté et c’est ainsi que la blonde s’était retrouvée entre ses deux parents, sa mère cherchant désespérément un moyen de faire taire son homme. Seulement non, Aveleen n’était pas d’accord, elle ne pensait pas que sa sœur cherchait simplement à se rendre intéressante, comme le prétendait sa mère. Elle était partie à sa recherche avec leur père, ce jour-là. Un des rares moments ou tous deux avaient passés du temps ensemble. Il s’avère que finalement elle s’était simplement perdue et qu’il ne s’était rien passé de grave. Un immense soulagement pour l’ainée.

Secouant la tête pour chasser les souvenirs envahissants, elle était rentrée, missive à la main, cherchant sa sœur dans leur immense bâtisse –déjà trop grande pour quatre, alors pour deux !

« Eilween ? »

C’est finalement en passant la tête dans le salon qu’elle aperçut sa cadette, lui offrant un joli sourire. D’un geste simple, elle lui tendit la missive de la mère affolée.

« Une petite promenade ? »

Code par NKM.

With Eilween On peut se perdre de vue parfois. Le tout c'est de ne pas se perdre tout court...

Elle ne peut cacher son sourire alors qu’elle se rend compte que sa petite sœur était en train de lire un livre ; l’un de ses préférés, d’ailleurs. Elle avait toujours aimé explorer des contextes autres que ceux qui s’imposent à elle jour après jour. Alors, échanger les valeurs sociales, juste le temps d’un livre, c’était toujours agréable. On apprend, on découvre beaucoup. On ouvre de nouvelles visions sur le monde également. Elle avait toujours mis un point d’honneur à ne pas toujours restée bornée sur ses positions, à prendre au moins le temps d’essayer de comprendre les autres points de vus. Qu’importe sa conclusion finale.

C’est presque dans un sursaut qu’elle revient à la réalité lorsque sa sœur accepte à voix haute cette requête qu’elle vient de lui confier. Mais la voilà ravie. Elle ne doutait pas que l’enfant serait aisément retrouvable, et cela leur donnait à toutes deux un moyen d’évasion comme il n’y en avait que trop peu depuis la mort de leurs parents. La vérité, c’était que malgré leur proximité, et malgré la nature fusionnelle de leur relation, elles avaient été éduquées séparément. Comme si leurs géniteurs avaient voulu creuser un fossé entre elles, comme si elles ne venaient pas du même monde.

Avec un sourire bienveillant elle la contemple se redresser pour partir à l’aventure à deux, non sans lancer une petite blague taquine à son ainée. Elle avait l’habitude de ce genre de réactions, mais leur mère n’avait jamais voulu qu’elle rentre dans ce petit jeu qu’elle qualifiait de puéril. Maintenant elle n’était plus là. Il n’y avait plus que les deux sœurs. Alors pourquoi diable s’en priver ?

« Si je te laissais préparer le diner, nous mangerions du poulet tous les jours ! »

Avait-elle clamé tout en se mettant dans le dos de sa petite sœur pour commencer à la pousser gentiment vers la sortie. La porte s’ouvre et la quête commence alors dans les rires de la blonde, qui se sent tout simplement bien de pouvoir enfin vivre et agir comme elle l’entend, malgré le manque indéniable de sa mère. Aujourd’hui, pas de couture, pas de bonnes manières excessives, pas de travail et de politesses inutiles. Juste sa petite sœur et elle. Comme jamais cela n’avait été possible auparavant.

Code par NKM.

With Eilween On peut se perdre de vue parfois. Le tout c'est de ne pas se perdre tout court...

Aveleen ne retint pas une petite moue qui voulait tout dire. Changer de temps à autre, c’était bien. Mais c’était encore mieux lorsqu’aucun risque de mangé un peu trop cuit ou même clairement brulé n’était présent. Et puis, honnêtement, les cuisinières de leur grand manoir étaient bien assez talentueuses. Elle ne voyait donc aucune bonne raison de mettre un pied dans la cuisine. Mais encore une fois, c’était sans doute toute son éducation qui devait en être la cause. Une fille de bonne famille ne cuisine pas, elle avait presque été bassinée avec ce genre de règles toute sa vie. A tel point que, bon gré, mal gré, c’était rentré dans sa petite tête.

A la suite de sa jeune sœur, sautillant presque, visiblement excitée de cette petite sortie qui, en apparence, n’avait pourtant rien de réjouissant, elle finit au dehors, devant la bâtisse bien trop grande pour deux personnes seulement. Et c’est seulement qu’une question très intelligente est posée sur le moyen de transport. Un large sourire ne peut s’empêcher de naitre sur le visage de l’ainée alors qu’elle conduit la plus jeune vers l’arrière-cour de leur demeure.

« Eh bien il est évident que nous ne pouvons y aller à pied, mais fort heureusement nous avons un moyen de locomotion bien plus rapide que nos petits pieds… »

Elle ne pouvait avoir oublié toutes ces heures d’équitation qu’elle avait endurée avec sa mère. Et elle savait de source sur –toujours cette même génitrice, avec un certain agacement qui prouvait bien qu’elle disait vrai- que leur père avait également appris à la brunette comment monter correctement à cheval. Le pauvre homme espérait faire des promenades en famille –toujours selon les dires de la génitrice. Avec du recul, lorsqu’elle repensait à tout ce qui avait été dit sur son père, Aveleen doutait profondément des sentiments qui pouvaient unir les deux. Mais Eilween, grande optimiste, n’avait jamais rien su de cela. Sa famille n’était déjà pas parfaite, elle n’avait aucune raison de briser davantage l’image qu’elle en avait.

« Je n’ai aucun doute sur la capacité de père à t’enseigner tout ce qu’il a pu t’enseigner c’est pourquoi je suis certaine que tu sais monter correctement, ainsi que tout ce qui s’en suit évidemment ! »

Déclara-t-elle en s’arrêtant devant les écuries. Elles étaient minuscules, s’il était de mise de les comparer avec celles de familles plus riches, ou même celles de la famille royale, et très peu de chevaux étaient restés en leur possession suite à la mort de leurs deux parents –Aveleen en avait revendus plusieurs, persuadée que tous les garder n’aurait servi à rien- mais cela étaient bien suffisant pour deux jeunes femmes.

« J’ai hâte d’admirer ce talent que je n’ai jamais pu observer chez toi, petite sœur ! »

Ricana-t-elle, presque moqueuse, ouvrant la porte et l’invitant à prendre les devants, principalement pour voir ce qu’elle avait pu apprendre auprès de leur père.

Code par NKM.