Happy day
Hell & ...

J’aime bien mon job. Si si, je vous jure. C’est pas mon job que j’aime pas. C’est la ville dans laquelle je pratique mon job. Le problème, c’est qu’au final, je ne peux pas vraiment aller ailleurs. Je crois bien que c’est à Port Ferox que je peux bosser sur les plus beaux bateaux qui soient. Et quand je dis beaux, je parle pas de la carcasse extérieure. Ca je m’en tape totalement. Je parle de la salle des machines, de toute leur mécanique. Bah ouais. Je suis pas féminine pour un sous. Alors forcément, c’était le genre de job qu’il me fallait, un job ou on voit pas beaucoup de filles. Ce que je ne comprends pas d’ailleurs, parce que c’est vachement plus amusant de jouer avec une clé à molette qu’avec une aiguille à couture. Mais bon, je suis un garçon manqué alors est-ce que mon avis est vraiment objectif ?

C’est quand même con d’aimer son boulot mais d’y aller en tirant une tronche de mort vivant qui date pas d’hier juste parce que les gens font chier. J’ai rien contre qui que ce soit, mais au bout d’un moment je pense quand même qu’il y a deux ou trois pêcheurs qui vont finir au fond de l’eau s’ils continuent à me regarder comme ça quand je passe devant eux pour aller bosser. Et je vous parle même pas de mes collègues. L’avantage, c’est que dans les bateaux, on trouve facilement des boulets. C’est mieux si on veut que les cadavres restent dans l’eau quoi.

Je vais souvent la gueule et je m’énerve facilement, mais même objectivement, je suis capable de dire que je suis vraiment de mauvais poil aujourd’hui. Du coup j’suis allée tranquillement dans la salle des machines et j’ai commencé mon boulot tranquillement. Je voulais juste qu’on me laisse bosser et qu’on me foute la paix. Mais en fait aujourd’hui c’était trop demandé, je crois. Du moins je le suppose, parce que j’ai entendu des pas dans mon dos. Alors je me suis retournée en attrapant un chiffon pour essuyer mes mains salies par la tâche.

« Quoi ?! »

Demandais-je sans cacher mon agacement.